L’optimisme révolutionnaire, critère du Parti Communiste

Dans l’époque à laquelle nous vivons et dans la société française actuelle, la question de l’optimisme n’est ni superflue, ni bien comprise.

Nous faisons ce texte pour approfondir notre vision de l’optimisme et donner aux prolétaires révolutionnaires des clés pour résoudre cette question.

I- La base matérielle de notre optimisme

Notre optimisme est contenu lui-même dans notre philosophie, le matérialisme dialectique. Celle-ci nous enseigne que le monde est transformable, que les problèmes sont solubles par les humains, et par conséquent, elle attaque une des racines du pessimisme : le fatalisme.

Politzer, philosophe communiste, nous dit :

« Ainsi, tandis que l’agnosticisme est pessimiste et se lamente sur l’infirmité de « l’esprit humain », le matérialisme est optimiste, et ne tient aucun problème, par exemple celui du cancer, pour insoluble. Il n’y a que de l’inconnu provisoire et le régime capitaliste, en freinant l’essor de la science, prolonge ce provisoire. »

Nous savons que le marxisme est une philosophie pratique, nous ne sommes pas seulement d’accord avec, mais nous devons l’appliquer. L’essentiel n’est pas d’analyser le monde mais d’utiliser notre analyse pour le transformer activement.

Par conséquent, sur le plan de l’optimisme, cela signifie qu’il ne suffit pas d’être d’accord avec, il faut l’appliquer. Il ne suffit pas d’être d’accord avec le marxisme, il faut faire du marxisme sa pensée, sa conception du monde : son idéologie. C’est seulement ainsi, en faisant nôtre et en appliquant au quotidien le matérialisme dialectique qu’on peut réellement avancer.

L’histoire de l’humanité, c’est un mouvement sans fin entre le règne de la nécessité et le règne de la liberté, c’est ce que nous apprennent les marxistes. Notre philosophie nous demande de faire le bilan de nos actes, de créer des situations nouvelles, de progresser. Le Président Mao dit que par conséquent « l’immobilisme, le pessimisme, le sentiment d’impuissance, l’orgueil et la présomption sont erronés ».

La science apprend justement que, dans la nature comme dans la société, le changement est permanent, nécessaire, et entraîne les développements. Notre vie est par exemple extrêmement différente de la vie d’il y a 300 ans. Et 300 ans, à l’échelle de l’univers, ne représentent quasiment rien dans l’immense mouvement de la matière du cosmos.

Les choses changent, les sociétés humaines anciennes sont remplacées par de nouvelles, l’asservissement de l’humanité n’est pas éternel. Tout comme l’esclavage a pu être écrasé, l’impérialisme peut l’être aussi.

Il y a donc des bases concrètes et tangibles à notre état d’esprit optimiste, il ne vient pas de nulle part. Ce n’est pas un optimisme béat, idéaliste. Ce n’est pas la méthode Coué et l’autosuggestion :  « Je vais bien, tout va bien ». Pourquoi être optimiste ? Pour incarner cette base matérielle et agir pour transformer le monde dans la révolution.

Quelle est cette base matérielle ?

Prenons l’état du monde dans lequel nous vivons : l’impérialisme est en décomposition, en crise permanente et générale. Il ne survit que des soins palliatifs que la bourgeoisie tente de lui administrer.

Rien que sur les deux dernières années, tant de choses ont changé dans notre réalité : le COVID, la guerre en Ukraine, les crises sociales à répétition… Les Gilets Jaunes n’ont même pas 5 ans. Il y a 10 ans, Hollande venait d’être élu : cela semble être un autre temps. Et pourtant on sortait déjà de « la pire crise de l’Histoire » etc.

En France, les répercussions de cette crise mondiale sont grandes, la crise économique devient crise politique, crise sociale, crise environnementale, crise de régime. L’impérialisme français pourrit sur pied.

Cela démontre que le monde est en besoin extrême de changement, et que ce changement ne peut arriver que par la révolution que nous portons.

Le Parti Communiste des Philippines, lorsqu’il donne des bases à son optimisme, ne dit pas autrement :

« Notre optimisme révolutionnaire est basé sur trois facteurs. Le premier est l’aggravation de la crise du système capitaliste mondial […] Le second est […] le pourrissement du système semi-colonial et semi-féodal au pouvoir. Le troisième est que les forces révolutionnaires du peuple dirigées par le Parti sont beaucoup plus fortes maintenant qu’au début de la guerre populaire en 1969… »

Le Président Mao a synthétisé la base matérielle de notre optimisme en disant qu’il était scientifique, car nous méprisons stratégiquement les difficultés, tout en prenant tous leurs aspects en compte tactiquement. Ainsi nous pouvons résoudre tous les problèmes et rien ne peut nous vaincre.

Notre optimisme a donc une fondation objective, ce n’est pas une formule magique qu’on répète dans sa tête mais une compréhension scientifique au service du dépassement des difficultés :

« Mais, Camarades, en tant que communistes, nous avons la réputation de mépriser les difficultés. […] Devant les communistes, les difficultés ne peuvent que sonner la retraite. […] Nous pouvons en tirer l’enseignement que les difficultés sont à mépriser. Cela est valable sur le plan stratégique, du point de vue de l’ensemble. Si énormes que soient les difficultés, nous pouvons les jauger d’un seul coup d’œil. Elles ne peuvent nous être créées que par nos ennemis dans la société ou par la nature. Nous savons tous que l’impérialisme, les contre-révolutionnaires à l’intérieur du pays et leurs agents dans notre Parti sont bel et bien des forces moribondes, alors que nous, nous représentons les forces montantes, et que la vérité est de notre côté. Face à eux, nous sommes toujours invincibles. Cela se comprend si nous passons en revue notre propre histoire. Lors de sa fondation en 1921, notre Parti était si petit qu’il ne comptait en tout et pour tout que quelques dizaines de membres. Mais, par la suite, il s’est développé il tel point qu’il a pu renverser son puissant ennemi à l’intérieur du pays. […] Dans la nature comme dans la société, toutes les forces montantes sont invincibles de par leur essence, tandis que les vieilles forces, aussi considérables qu’elles soient, sont vouées à disparaître. Ainsi, nous pouvons et nous devons braver les plus grosses difficultés qu’on puisse rencontrer dans le monde et les considérer comme insignifiantes. Voilà en quoi consiste notre optimisme, optimisme qui d’ailleurs est fondé du point de vue scientifique. Si nous arrivons à mieux connaître le marxisme-léninisme et les sciences naturelles, bref, à mieux connaître les lois régissant le monde objectif et à éviter autant que possible les erreurs d’ordre subjectiviste, alors nous pourrons atteindre notre but dans notre révolution et notre édification. »

Pourquoi le prolétariat, en tant que classe, adopte-t-il une conception résolument optimiste ? Car il est classe montante, il appartient à l’avenir. Les mauvais jours qu’il vit sous le capitalisme, sa misère et ses drames, ne sont rien face à la libération qu’il va lui même se donner, et dans le même temps à l’humanité toute entière. Son existence de classe crée en lui la révolte, l’étincelle pour un grand feu.

Engels, un de nos fondateurs, disait exactement cela dans son analyse de la classe ouvrière anglaise. Dans la contradiction entre les aspects abrutissants et déprimants du travail de la classe ouvrière d’un côté, et son éclat révolté, optimiste et révolutionnaire de l’autre, c’est le second qui prime :

L’ouvrier d’usine est condamné à laisser dépérir toutes ses forces physiques et morales dans cet ennui, son métier consiste à s’ennuyer toute la jour­née depuis l’âge de huit ans. […] Cette condamnation à être enseveli vivant dans l’usine, à surveiller sans cesse l’infatigable machine, l’ouvrier sent bien que c’est la torture la plus pénible qui soit. Elle exerce d’ailleurs un effet extrêmement abrutissant tant sur l’organisme que sur les facultés mentales de l’ouvrier. On ne saurait ima­gi­ner meilleure méthode d’abêtissement que le travail en usine et si malgré tout les ouvriers ont non seulement sauvé leur intelligence, mais l’ont en outre développée et aiguisée plus que d’autres, ce n’a été possible que par la révolte contre leur sort et contre la bourgeoi­sie : cette révolte étant la seule pensée et le seul sentiment que leur permette leur travail. Et si cette indignation contre la bourgeoisie ne devient pas le sentiment prédominant chez eux, ils devien­nent nécessairement la proie de l’alcoolisme et de tout ce qu’on appelle habituellement l’im­mo­ralité.

Les communistes ne sont pas des prolétaires isolés, et ne sont pas seulement conscients de la révolte spontanée mais bien du programme communiste de long terme. Par conséquent, cette base matérielle de la société capitaliste s’incarne dans le Parti et l’idéologie.

Les révolutionnaires prolétaires accomplissent une tâche dont ils ne verront pas la fin.

Tant que l’impérialisme, stade suprême du capitalisme, existera, il y aura des communistes qui l’abattront systématiquement et méthodiquement jusqu’au communisme.

Ils sont convaincus de cela car ils donnent leur confiance pleine et entière aux masses. Elles existent concrètement, il suffit de regarder autour de soi pour s’en rendre compte. Et elles sont les seules capables des plus grands exploits : telle est la base de l’optimisme du Parti Communiste.

C’est comme ça que le présente le Président Gonzalo dans son Interview :

« A mon avis, personne ne naît courageux ; c’est la société, la lutte de classes, le prolétariat, le Parti et l’idéologie qui nourrissent le courage des communistes. Quelle pourrait être la plus grande crainte ? Mourir ? Je crois, comme matérialiste, que la vie s’achève un jour, et ce qui prédomine en moi, c’est l’optimisme et la conviction que la tâche que j’accomplis, d’autres la continueront jusqu’à l’accomplissement de nos tâches définitives, le communisme ; car la crainte que je pourrais avoir, serait que notre tâche ne soit pas continuée, mais cette crainte s’estompe quand on a confiance dans les masses. La pire crainte, en fin de compte, c’est de n’avoir pas confiance dans les masses, de se croire indispensable, le nombril du monde, je crois que c’est cela ; et si on est formé par le Parti, avec l’idéologie du prolétariat, le maoïsme principalement, alors on comprend que ce sont les masses qui font l’histoire, que c’est le Parti qui fait la révolution, que la marche de l’histoire est définie, que la révolution est la tendance principale. Alors, la peur s’estompe et il ne reste que la satisfaction d’être une pierre parmi les autres pierres, qui servira à instaurer les bases pour qu’un jour le communisme brille et illumine toute la Terre. »

Ainsi, dans notre philosophie, notre analyse de la réalité objective, notre intégration de la vérité scientifique, notre vie de prolétaire, notre idéologie communiste, tous les aspects positifs nous poussent à l’optimisme révolutionnaire.

II- Le prétendu « optimisme » et le pessimisme des autres classes

Il y a l’optimisme du prolétariat, dont nous venons de décrire la base, mais ce n’est pas le seul. Les autres classes, elles aussi, ont un état d’esprit, des attitudes.

a) La bourgeoisie et l’optimisme

Si l’on prend la bourgeoisie, son optimisme révolutionnaire, démocratique etc, a disparu depuis 170 ans (1848) : elle est devenue une classe réactionnaire, qui s’enfonce dans son marasme et ne peut voir le monde que par le pire des prismes.

Alors qui sont les bourgeois « optimistes » ?

Ce sont les plus réactionnaires, les fascistes, qui se nourrissent de la crise de leur propre système et qui se voient portés au pouvoir bourgeois par l’approfondissement de cette crise.

Chez les bourgeois qui cherchent un « autre monde », l’hypocrisie de cet optimisme est clair. Les libéraux et sociaux-démocrates ne font plus rêver personne et sont devenus des « pragmatiques », autrement dit : ils ont perdu tout optimisme envers le changement. Leur « optimisme » est un leurre conservateur.

Lénine parlait déjà des espoirs déçus de la bourgeoisie et de leurs conséquences :

« La faillite morale de Herzen, son profond scepticisme et son pessimisme après 1848 marquaient la faillite des illusions bourgeoises dans le socialisme. »

Voilà le trait du pessimisme bourgeois, qui se diffuse dans la société à travers le cynisme sur la situation sociale, le désintérêt et, politiquement, le libéralisme et le réformisme. La synthèse : « Il n’y a pas d’alternative », slogan de Thatcher en Angleterre, d’Angela Merkel en Allemagne, de François Hollande en France ou même des écologistes.

L’impact de cette pensée (diffusée médiatiquement et politiquement) sur la classe et le peuple, surtout dans les pays impérialistes, ne peut être minimisé.

Exemple : combien voient une fatalité à la guerre impérialiste dans les prochaines années ? Ce n’est pourtant une fatalité que dans l’esprit étroit des bourgeois libéraux et sociaux-démocrates. Pour les communistes, la guerre s’accompagne de la révolution et la révolution doit la conjurer comme en 1917 ou entre 1939 et 1945. Ils font leurs plans, nous faisons les nôtres.

En bref : il faut faire très attention à ne pas faire la copie spontanée des idées de la bourgeoisie sur la situation. C’est une classe mourante, elle ne peut pas élever, elle ne peut que rabaisser nos idées ! Car adopter l’état d’esprit de la bourgeoisie sur une question, en étant « optimiste » ou « pessimiste » comme elle, c’est commencer à se ranger de son côté.

Le manque de confiance envers le prolétariat conduit à cette erreur, comme le souligne Lénine :

« Cet argument nous ramène lui aussi à cet « optimisme » à l’égard de la bourgeoisie que manifestent fatalement à chaque pas ceux qui n’ont pas confiance dans les forces révolutionnaires et les capacités du prolétariat. »

De la même manière, ce qui fait peur à la bourgeoisie doit nous réjouir : les Gilets Jaunes horrifiaient toutes les factions politiques bourgeoises quand ils étaient sur le terrain, la droite, la gauche et l’extrême-droite ont du s’en distancer. Ils n’y font désormais référence que comme des charognards. Quant à nous, nous avons considéré que c’était un énorme moment de lutte de classes.

Le Président Mao disait de même lorsqu’il expliquait que les soulèvements paysans faisaient dire à la bourgeoisie et la petite bourgeoisie que « ça allait très mal » en Chine, alors que les révolutionnaires répondaient « ça va très bien ! ».

Leur « optimisme » bourgeois périmé, mort, réactionnaire, n’est réellement qu’un pessimisme historique. Notre optimisme s’y oppose résolument et absolument sur toute la ligne. C’est un optimisme historique, celui du Parti Communiste.

Nous pouvons voir comment ces idées se diffusent dans notre classe tous les jours et à tous les niveaux, comment ils entraînent un état d’esprit désabusé, attentiste, apathique… Quiconque regarde le journal de 20h à la télévision peut s’en convaincre.

De nombreuses personnes, même progressistes, même révolutionnaires, vont parler d’une situation dans le monde en disant « C’est la merde… », sans apporter de réponse. Mais il faut avoir des réponses, il faut combattre cette idée de fatalité !

En fait, lorsqu’on aborde un problème et qu’on commence en s’abattant devant, on se trompe. On se trompe soi-même, car on s’empêche de trouver la solution. Lorsque l’on aborde un problème en le pensant insoluble, ou en étant sûr de ne pas y arriver, on se ment, à nous-mêmes et aux autres. C’est en ayant la tête dans le guidon qu’on arrive à de telles idées.

On ne peut rien résoudre comme ça. Si l’on veut par exemple marcher 30km et qu’on considère que c’est impossible avant d’avoir mis le pied dehors, on n’atteindra jamais son but.

Voilà l’état d’esprit que la bourgeoisie veut imposer à notre classe, voilà notre ennemi ! En synthèse, c’est la contre-révolution dans l’état d’esprit.

b) La petite-bourgeoisie et l’optimisme

La petite bourgeoisie, essentiellement, tire son état d’esprit des mêmes bases que la grande bourgeoisie.

Mais son caractère spécifique de classe instable, condamnée, refermée sur elle-même et relativement nombreuse lui donne des expressions spécifiques.

L’optimisme petit-bourgeois, c’est placer ses espoirs dans des demi-mesures (par exemple les COP pour l’environnement, un gouvernement « de gauche », ou des sommets mondiaux pour la paix) et être constamment déçu du résultat. En synthèse, l’optimisme de la petite bourgeoisie, c’est une prophétie autoréalisatrice. Pour se soigner, on prend du sucre au lieu d’un médicament, et on s’étonne d’être toujours malade le lendemain.

Cet état d’esprit ne peut que mener au pessimisme, tôt ou tard.

Il y a deux types de facteurs qui influencent ce pessimisme : les facteurs mondiaux, et les facteurs individuels.

Premièrement, il y a l’influence de la crise de l’impérialisme. Prenons l’exemple de l’environnement et de la fameuse « éco-anxiété » forte chez la petite bourgeoisie. Ce sont eux qui deviennent survivalistes, achètent des fermes dans la Creuse pour se protéger de l’effondrement etc.

Ce pessimisme ressemble fortement aux idées petites bourgeoises angoissées sur l’arme atomique après 1945, qui ont trouvé leur écho dans de nombreuses sectes apocalyptiques et, en politique, dans la peur permanente de l’explosion nucléaire.

Le Parti Communiste Chinois, sur ce sujet, expliquait ainsi l’incompatibilité de ce pessimisme avec le communisme :

« L’avenir de l’humanité doit-il être envisagé avec pessimisme ou avec un optimisme révolutionnaire? Togliatti et certains autres parlent abondamment de « suicide de l’humanité », de « destruction de l’humanité » […]

Tous les marxistes-léninistes ont la profonde conviction que l’évolution de l’histoire ne peut conduire qu’à la destruction de l’arme nucléaire par l’homme et non pas à la destruction de l’humanité par l’arme nucléaire. L’argument des partisans de la théorie de la « destruction de l’humanité », argument qui va à l’encontre des conclusions des documents communs du mouvement communiste international, montre simplement que ceux-ci ont perdu toute confiance en l’avenir de l’humanité et dans le grand idéal communiste, qu’ils sont tombés dans le bourbier du défaitisme. »

Qui avait raison 70 ans plus tard ? Le monde a-t-il explosé dans un feu atomique ? Non, l’humanité n’a pas été détruite, la lutte ne s’est pas arrêtée.

Aujourd’hui, c’est la même chose sur la question environnementale : en se faisant bouffer par l’idée que l’humanité est morte et ne va que vers la destruction, la petite-bourgeoisie pessimiste creuse sa propre tombe, reflet de son avenir de classe. Il n’y a pas d’échappatoire vers le paradis petit bourgeois : c’est le socialisme ou la barbarie, il faut choisir.

Deuxièmement, il y a les facteurs individuels.

Il ne s’agit pas ici de nier qu’une société réactionnaire et pourrie comme la nôtre fait subir à ses membres prolétariens les pires traitements, et les propulse dans une spirale négative. C’est totalement évident.

La voie de la petite-bourgeoisie consiste à continuer dans la spirale négative, à s’isoler et à reprendre, finalement, l’attitude du fatalisme, y compris sur les questions individuelles : « C’est comme ça ».

Lénine soulignait la fuite en avant de cette voie, qui conduit à abandonner la révolution :

« Parce que dans la masse du peuple […] il en est qui sont brisés physiquement, terrorisés, déprimés moralement […] ou tout simplement déprimés, non par une théorie, mais par les préjugés, les coutumes, la routine: des gens indifférents, ceux qu’on appelle les esprits vulgaires, les petits-bourgeois, qui préfèrent s’écarter de la lutte aiguë, passer outre ou même se cacher (un mauvais coup est vite arrivé !) »

Mais dénoncer ne suffit pas, nous serions des très mauvais communistes si nous nous disions simplement, quand ça ne va pas, qu’on vit des moments durs : « Ça va passer, la déprime est un préjugé petit-bourgeois ! »

Nous savons simplement que la psychologie bourgeoise, la psychiatrie, parasitées par des pseudo-sciences, ne peuvent pas traiter les causes profondes du mal-être qui existe dans une société dominée par l’impérialisme. Elles ne peuvent que l’accommoder et le diluer. C’est à la racine qu’il faut s’attaquer : l’impérialisme qu’il faut renverser, et jeter ainsi à la poubelle l’ordre ancien pour le remplacer par une nouvelle société.

En vérité, nous communistes avons donc un remède, une proposition pour aider les révolutionnaires, aider la masse du peuple à se sortir du piège !

C’est la révolution, l’organisation (donc le Parti Communiste) et notre soutien à la direction de la classe plutôt qu’à notre direction individualiste de nos vies.

Le Président Gonzalo décrit ainsi cette lutte de ligne dans le Parti Communiste du Pérou en 1980, quand le début imminent de la guerre populaire demande à la fois le plus grand enthousiasme, et également de combattre le plus possible le pessimisme :

« Nous avons besoin d’un optimisme élevé, qui a une raison d’être : nous sommes ceux qui conduisent ceux qui façonnent l’avenir, nous sommes des guides, l’état major du triomphe invincible de la classe, c’est pourquoi nous sommes optimistes.

Nous avons de l’enthousiasme, parce que nous sommes nourris par l’idéologie de la classe : le marxisme-léninisme-pensée Mao Zedong. Nous vivons la vie de la classe, nous participons à ses actes héroïques, le sang de notre peuple nous enflamme et bouillonne en nous.

Nous sommes ce sang puissant et palpitant, prenons ce fer et cet acier inflexibles qu’est la classe et ajoutons-y la lumière inaltérable du marxisme-léninisme-pensée de Mao Tsetung. L’enthousiasme, c’est participer de la force des dieux, c’est pour cela que nous débordons d’enthousiasme, parce que nous participons aux divinités du monde actuel : la masse, la classe, le marxisme, la révolution. C’est pourquoi nous avons un enthousiasme inépuisable ; c’est pourquoi nous sommes forts, optimistes, vigoureux dans notre âme et débordants d’enthousiasme.

Et qu’avons-nous vu ici ? Des dirigeants, des militants orphelins d’optimisme, ayant perdu l’enthousiasme bouillonnant, des âmes éteintes, des volontés faibles, des passions en fuite. Inacceptable. Nous en connaissons l’origine : ce qui les soutient, ce n’est pas le marxisme, la classe ni la masse, c’est l’individualisme corrosif ; c’est la pourriture réactionnaire qui les a effrayés, c’est d’avoir été moulés dans les caniveaux du vieil ordre, c’est l’expression d’un monde mourant, ce sont les gaz mortels qui s’échappent des bourbiers de la réaction ; c’est pourquoi leur esprit se brise, leur cœur tremble, leur pensée les abandonne, leurs nerfs sont détruits, leur action est troublée.

Cela, il faut l’éradiquer ; cela ne peut plus cohabiter avec nous. Inacceptable, inadmissible ; à brûler, à dynamiter. Cela peut encore moins exister dans le Parti et moins encore chercher à dominer. Qu’avons-nous vu tout à l’heure ? Des dirigeants avec ces positions et attitudes. Monstrueux. Cela ne doit plus jamais arriver. Et en plus aujourd’hui, aujourd’hui où justement nous devons arborer l’optimisme et déborder d’enthousiasme ? Si cela est en soi inacceptable, c’est aujourd’hui de la corrosion, de la pure gangrène, aujourd’hui c’est encore plus inacceptable.

Si les camarades n’éradiquent pas ces maux, quel type de cadres vont-ils former ? Quel type de militants vont-ils former ? Pour illustrer : une troupe est comme son commandant. Un commandant sans optimisme, une troupe sans optimisme ; un commandant sans courage, une troupe sans courage, vaincue et brisée avant même que la bataille ne soit livrée.

Nous devons faire preuve d’optimisme et déborder d’enthousiasme. Que notre idéologie puissante, notre ligne acérée et notre volonté de communiste s’expriment surtout chez les dirigeants.

Un mot d’ordre : Laissons l’optimisme s’élever et l’enthousiasme déborder ! Qu’il soit transmis aux autres, aux cadres, aux bases. Que l’enthousiasme à l’idée d’entrer en action nous donne plus d’impulsion, nous retire les croûtes qui nous empêchent d’avancer et que cela serve à ceux qui doivent éradiquer leur maux. Que brille l’optimisme et que vive en nous un puissant enthousiasme. C’est faisable, c’est nécessaire. C’est faisable et nécessaire, pour cette raison nous le ferons.

Il n’échappe à personne qu’il s’agit d’un affrontement entre positions ; cela, nous l’avons noté et le résumé doit être l’expression de ce que nous avons vu. Mais qu’est-ce qui a primé, qui prime et qui primera ? Le principal, le positif, la gauche. Qui pleure lentement sa défaite ? La droite ; qu’elle comprenne que ces pleurs sont inutiles, qu’il ne reste plus qu’à brûler les vieilles idoles, brûler ce qui est périmer et mettre nos âmes à l’heure.

La gauche a l’âme dans le temps, elle est en phase avec ce que notre patrie, le peuple, la révolution réclament à cor et à cri ; nous ne pouvons pas échouer. Si notre sang et notre vie sont réclamés, ayons une attitude : portons-les dans nos mains pour les donner ; mettons-les au service de ce qui est la plus juste et la plus grande cause.

Notre mort pour la bonne cause serait le symbole de notre action révolutionnaire. Que l’action constante et ferme pour notre cause marque à l’encre indélébile notre bonne vie de combattants communistes. C’est ce que nous avons le mieux compris, c’est pourquoi le positif pèse immensément plus lourd.

Nous avons fait des progrès, mais certaines personnes pensent que leurs maux ont été surmontés. C’est la perte de vigilance, on peut trouver des “justifications” par milliers, elles ne seront que de l’eau usée. Élevez votre vigilance, balayez définitivement l’erreur, détruisez ce qui est mauvais et périmé à travers les actions armées, qui seront les témoins authentiques et concrets. »

Le Président Gonzalo donne ici une réponse aux pessimistes : comment pourriez-vous diriger la révolution en étant pessimistes ? Comment peut-on aller à la lutte et penser gagner si on part avec un état d’esprit de perdant ?

Il faut au contraire faire la révolution, faire les actions armées, qui prouveront qu’on se débarrasse bel et bien du pessimisme, que les vieilles erreurs ne refont pas surface. Force est de constater la validité de cet appel : la guerre populaire au Pérou en est la meilleure preuve. Des dizaines de milliers de combattants, des innombrables masses, ont suivi la direction du Parti car celui-ci avait forgé des dirigeants et des militants résolument optimistes, qui tiraient cette conscience de leur confiance en la classe, le peuple, l’idéologie.

III- L’attitude pour aborder les problèmes et les difficultés

Il faut parler désormais du problème concret de l’attitude face aux problèmes et aux difficultés.

Voyons ce que Staline écrit à ce sujet :

« Il me souvient que Lénine, en réponse à ces propos, murmura entre les dents, d’un ton âpre : « Ne pleurnichez pas, camarades, nous vaincrons à coup sûr parce que nous avons raison. » La haine des intellectuels pleurnichards, la foi en nos forces, la foi en la victoire, voilà ce dont nous parlait alors Lénine. On sentait bien que la défaite des bolcheviks était momentanée, qu’ils allaient vaincre prochainement. »

Ainsi, prêter attention à tous ces problèmes, les aborder avec la certitude que la révolution peut tout surmonter, c’est le plus important.

Il faut aussi se garder de considérer les problèmes comme « faciles » à résoudre, et ne pas aller trop vite, comme le rappelle le Président Mao :

« Il sera désormais de première importance, dans notre résistance au Japon, de lutter sur le plan politique contre le pessimisme, tendance de droite, tout en ne perdant pas de vue l’impétuosité gauchiste. »

De la même manière, quand des problèmes sont résolus, il faut rester vigilants à ce qu’ils ne reviennent pas. Penser que les difficultés sont surmontées « une bonne fois pour toute » après une réunion, une petite victoire ou une prise de décision, c’est être conservateur et formaliste, c’est de l’optimisme injustifié.

Secondairement, il y a aussi les difficultés générales de la vie de la classe en France : travail, logement, relations amicales, familiales, amoureuses…

Par conséquent, les révolutionnaires prolétariens doivent se doter des bases matérielles les plus solides, afin que les communistes en formation puissent se rendre capables de traverser les licenciements suite à des luttes, les expulsions de logement, les ruptures sous toutes leurs formes… précisément car ils ont un ancrage fort dans la classe et qu’ils sont organisés.

Ainsi, la stabilité de vie encourage la stabilité d’état d’esprit, et les problèmes qui naîtront forcément dans la vie et la lutte de classes ne nous rendront pas pessimistes, mais nous pousseront à tout surmonter pour sortir vainqueurs.

Des exemples de ces situations où la lutte est contre l’apathie ont eu lieu dans tous les pays et toutes les luttes. Le Président Mao en parlait déjà en Chine :

   Un étudiant nous écrit du Hounan : « A la campagne, je me heurte partout à des difficultés. Faisant le travail de propagande tout seul, je suis obligé de saisir toutes les occasions pour causer avec les gens. Mes interlocuteurs ne sont pas des ignares, ils sont plus ou moins au courant de ce qui se passe et manifestent un grand intérêt pour tout ce que je leur dis. Mais lorsque je me trouve avec les quelques parents que j’ai ici, ils disent invariablement : « La Chine ne peut pas vaincre, elle est perdue. » J’en suis malade. Encore heureux qu’ils ne fassent pas de la propagande, ce serait désastreux. Les paysans, bien entendu, leur donnent crédit plus qu’à moi ! »

Et pourtant, malgré l’apathie des parents de cet étudiant, la Chine a bien vaincu l’invasion japonaise, la révolution a bien triomphé, et cet étudiant révolutionnaire a pu surmonter sa « maladie » du pessimisme qui l’environnait à ce moment là. Si ça a été possible par le passé, pourquoi serait-ce différent pour nous ?

Enfin, il y a les problèmes dans la vie des individus : état d’esprit morose, déprime, problèmes de santé etc.

Beaucoup de choses pèsent sur nos têtes, et nous nous enchaînons à des habitudes, attitudes et comportement qui nous enfoncent.

Nous devons partir du principe qu’il n’y a aucune situation qui soit éternelle : aucune tristesse infinie, aucun isolement qui ne puisse être brisé. Tout peut changer, y compris nos problèmes individuels.

Il n’y a pas de salut par la « prise de conscience individuelle » ou le « développement personnel » pour se sortir de l’abattement. Nous ne voulons pas que les communistes soient des petits soldats parfaits, lisses et sans émotion. Il faut répondre aux besoins stratégiques de la reconstitution du Parti.

Le Président Mao nous en parlait ainsi :

« Si vous avez fait des fautes, peut-être avez-vous le sentiment que, de toute façon, elles vous resteront sur le dos, et vous voilà découragé; si vous n’avez pas commis d’erreurs, vous pouvez vous croire infaillible et en tirer vanité. Le manque de succès dans le travail peut engendrer le pessimisme et l’abattement, la réussite susciter l’orgueil et l’arrogance. […] Tout cela devient charge ou fardeau quand la conscience critique fait défaut. Une raison importante pour laquelle certains camarades se placent au-dessus des masses, se coupent d’elles et commettent erreur sur erreur, c’est qu’ils portent un tel fardeau. Une condition préalable, indispensable, pour se lier aux masses et commettre moins d’erreurs est donc d’examiner les fardeaux qui pèsent sur soi, de s’en défaire et de libérer ainsi son esprit. »

Il faut toujours partir de son autocritique pour combattre nos propres démons. Il n’y a rien qui soit tabou. Si l’on préserve son égo en refusant l’autocritique, en disant que nos actions sont toujours bonnes et justifiées, on n’applique pas seulement la morale bourgeoise. On se prive aussi de la possibilité de changer, que nous devrions chérir.

L’autocritique, c’est abandonner la guerre de position qui permet de tout justifier : « J’ai fait ceci parce que cela », « Oui, j’ai fait ça, mais telle personne a fait ceci ». Cela permet également de mettre à la poubelle l’idée d’une autocritique qui serait une « confession ». On ne fait pas d’autocritique pour expier ses péchés mais pour adopter le critère des révolutionnaires prolétariens et servir la reconstitution.

Les communistes, pour atteindre leur but, doivent se transformer les uns les autres, se forger dans le Parti en tant que communistes. Et pourtant, elles et ils viennent toutes et tous de la même société, avec tous ses problèmes et donc, tous leurs problèmes. Nous devons donc aborder ces questions et les résoudre.

Staline écrivait :

« Les dangers liés aux difficultés font souvent naître chez les gens instables des tendances à l’abattement, au manque de foi en leurs forces, des tendances au pessimisme. Et, au contraire, là où il s’agit de vaincre les dangers résultant des difficultés, les hommes se trempent dans cette lutte et en sortent de véritables bolcheviks de silex. Telle est la nature des dangers liés aux difficultés. Tels sont les résultats que donne la lutte menée pour triompher des difficultés. »

IV- Notre condamnation à triompher

Car en définitive, nous adoptons la conception que notre victoire arrivera tôt ou tard, malgré les défaites temporaires et les flux et reflux. C’est, encore une fois, l’optimisme historique.

Nous vivons dans un monde sans pays socialiste. Et pourtant nous voulons être communistes ! Car nous avons su, instinctivement, que la révolution était possible et nécessaire, que les défaites du 20ème siècle n’étaient qu’un intervalle vers les victoires de l’avenir.

Nos fondateurs et nos classiques du marxisme l’ont tous affirmé : nous vaincrons !

Lénine, une semaine avant la prise du pouvoir en 1917, quand la situation chaotique entraînait des membres du Comité Central contre la révolution :

« Et pourtant le problème sera résolu, les ouvriers serreront les rangs, le soulèvement paysan et l’impatience extrême des soldats au front feront leur œuvre ! Serrons encore les rangs, le prolétariat doit vaincre ! »

Mao, décrivant la situation après les massacres de 1927 et les défaites de la fin des années 1920 et du début des années 1930, où la révolution fut presque anéantie :

« Après la défaite de la révolution en 1927, il est de fait que les forces subjectives de la révolution sont considérablement affaiblies. Ce qui en reste est d’une importance si réduite que les camarades qui jugent uniquement sur l’apparence sont naturellement enclins au pessimisme. Mais si l’on va au fond des choses, c’est un tout autre tableau. On peut appliquer ici le vieux proverbe chinois : « Une étincelle peut mettre le feu à toute la plaine « . C’est dire que si les forces de la révolution sont encore assez réduites, elles peuvent toute fois se développer très rapidement. Dans les conditions de la Chine, la croissance de ces forces n’est pas seulement possible, elle est absolument inéluctable »

Le Président Gonzalo, dans son interview, puis dans son discours que nous avons célébré :

« Je crois que j’ai un optimisme presque organique ; je m’occupe plus de problèmes où il s’agit de compréhension des choses et de volonté que de problèmes de sentiments et de dépression. Je crois, au contraire, que je suis très optimiste ; c’est le marxisme, le Président Mao, qui nous font comprendre que nous, les hommes, les communistes en particulier, sommes optimistes. Toutes les fois que me trouve dans des situations difficiles, je fais un effort pour trouver ce qui est positif, ou je cherche le peu de positif qui reste à un moment donné pour se développer. Jamais tout ne peut pas être complètement noir, de même que tout ne peut pas être complètement rouge. Même si nous avions subi une grande défaite, ce qui ne nous est jamais arrivé, il y aurait toujours quelque chose de positif ; le problème est de tirer la leçon et de continuer à travailler sur ce qui est positif ; on trouve toujours quelqu’un qui nous soutient, qui nous donne la chaleur intense en nous aidant dans le combat, puisque le communisme unit. »

Le mouvement même des masses, qui se révoltent en continu, qui se soulèvent pour changer leur vie et se débarrasser de l’exploitation et de l’oppression, tout cela entraîne une conclusion logique : nous sommes condamnés à gagner. Le Mouvement Populaire Pérou a écrit :

« Il y a une logique. Les réactionnaires génèrent des troubles et échouent jusqu’à leur ruine finale. Le peuple a aussi sa loi : combattre, échouer, combattre encore, nous pouvons échouer encore. Nous nous battrons encore jusqu’à la victoire finale qui nous appelle.

Le sang versé est un étendard qui convoque tout le peuple pour obtenir ce que nous avons tant désiré : le pouvoir. Nous sommes condamnés à triompher, c’est une belle condamnation ; nous sommes nés pour gagner. C’est déjà une grande réalité. »

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